Anxiété en contexte de pandémie - Réponses à vos questions

2020-04-20

Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue

Voici les réponses à quelques questions qui m’ont été posées dernièrement concernant le sentiment d’anxiété vécu dans le contexte actuel de la pandémie COVID-19.

Comment apprivoiser notre sentiment d’anxiété?

Être indulgent envers soi-même et se rassurer qu’en cette période actuelle, il est normal de se sentir plus anxieux.

Apprendre à reconnaître ce sentiment d’anxiété. Essayer d’être conscient de la façon dont je le vis, de mes sensations physiques quand je suis stressé (ex. corps tendu, cœur qui bat plus vite), des pensées qui me passent en tête (ex. pensées négatives que je rumine), des comportements que j’ai tendance à manifester dans ces moments-là (être plus volubile, à fleur de peau ou irritable).

Ne pas nier notre anxiété, l’accepter comme faisant partie de notre réaction dans un contexte stressant. Les émotions sont importantes et nous donnent des indices sur ce que l’on vit. La peur nous indique que nous vivons une situation dans laquelle nous nous sentons menacé et nous invite à y réagir et à nous mobiliser pour y faire face. Cette émotion est utile, dans la mesure où on la comprend, on l’accepte et où elle peut guider nos comportements d’une façon raisonnable.

Être attentif si la rumination (pensées qui tournent en boucle dans notre esprit) prend trop de place et d’énergie, que notre fonctionnement quotidien est affecté ou que des scénarios catastrophiques nous habitent. Dans ces cas, l’anxiété est plus intense et nos comportements et actions ne sont plus utiles ni efficaces.

Est-ce normal de se sentir anxieux?

Il est normal de se sentir anxieux actuellement. Nous vivons présentement une situation inédite qui nous fait tous perdre nos repères et nous fait vivre beaucoup d’incertitude, d’impuissance et d’isolement. Nous ne savons pas ce qui s’en vient; il est donc difficile de prévoir et de se sentir rassurés. Nous en apprenons un peu plus chaque jour en fonction de l’évolution de la situation. Même une personne non-anxieuse en temps normal peut actuellement vivre une dose importante d’anxiété face à toute cette incertitude et ces bouleversements.

Comment relativiser la situation pour se sentir mieux?

Malgré tous ces bouleversements et inquiétudes, nous sommes témoins d’une grande mobilisation sociale. Les individus sont touchés émotionnellement et ont envie d’aider. Les autorités politiques et les intervenants dans le milieu de la santé travaillent intensément afin de contrer la propagation du virus. Les mesures d’isolement sont mises en place de façon préventive dans le but de limiter les effets. En suivant collectivement les recommandations, nous serons à même de contrer la propagation du virus. Et entre temps, les chercheurs travaillent à développer un vaccin. Oui la situation est insécurisante, mais la mobilisation et le soutien social sont impressionnants. Nous ne sommes pas seuls.

Quels outils peut-on mettre en place à la maison pour nous aider? Comment éviter de tourner en rond chez moi et de ruminer des pensées négatives?

  1. Suivre les recommandations de la santé publique pour éviter d’être en contact avec le virus (i.e. confinement, lavage de mains, distanciation sociale). Ainsi, on limite nos risques et donc notre niveau d’anxiété.
  2. Éviter de se surexposer aux informations et aux médias qui traitent de la situation actuelle. Se tenir informé, mais sans écouter les infos en continu, car cela a le potentiel de faire augmenter l’anxiété. Se fier à des sources d’informations crédibles.
  3. Favoriser les saines habitudes de vie (alimentation équilibrée, sommeil suffisant, rester actif).
  4. S’offrir mutuellement un espace pour exprimer nos préoccupations et questionnements, exprimer nos émotions. Se soutenir. Le soutien est un ingrédient précieux qui diminue le sentiment d’angoisse.
  5. Bouger, faire de l’exercice, peu importe le niveau d’intensité. Bouger même un peu permet de diminuer notre stress.
  6. Sortir à l’extérieur. Cela permet de rester actif, de croiser des gens (même si c’est de loin, le contact social est bénéfique) et d’être en contact avec la nature. Les recherches soutiennent que le contact avec la nature a un effet apaisant et positif sur le bien-être psychologique. S’il ne vous est pas possible de vous promener à l’extérieur, sortez sur votre balcon ou ouvrez une fenêtre au moins quelques minutes afin de s’oxygéner et de garder le contact avec l’extérieur.
  7. Utiliser les outils de télécommunication pour maintenir les liens avec les proches.
  8. Se détendre : exercices de relaxation, méditation, yoga, exercices de respiration.
  9. Faire une place quotidienne au plaisir. Accorder une importance au fait de s’amuser et de faire des activités qui nous plaisent.
  10. Si vous en avez la motivation, en profiter pour faire ce qu’on ne prend jamais le temps de faire. Par exemple, on note un engouement pour le désencombrement et le ménage en profondeur de la maison. Ce faisant, on s’occupe, on est en action, on se sent utile et efficace et cela nous permet de nous recentrer sur ce qui compte vraiment.
  11. Utiliser le temps disponible pour développer un intérêt ou une passion.
  12. Il y a de multiples vidéos actuellement sur le web qui propose des idées d’activités, de créations (ex. artisanat, construction, réparation, tricot, scrapbooking) et des séances d’exercices, de yoga, de relaxation, etc. Plusieurs vidéos (que l’on appelle DIY pour Do It Yourself) expliquent comment fabriquer presque tout ce qu’on peut imaginer. Soyons créatifs!
  13. Si on sent que notre niveau d’anxiété est plus intense et que notre fonctionnement quotidien en est affecté, ne pas hésiter à recourir à une aide professionnelle. Plusieurs professionnels offrent actuellement leurs services en ligne.
  14. Dre Geneviève, psychologue

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