Le comportement, c’est ce qu’on voit. C’est ce qui est visible. C’est ce qui se nomme facilement. On qualifie souvent une personne en fonction de ses comportements. On va dire par exemple que cette personne est colérique, parce qu’on la voit souvent s’emporter, réagir rapidement. On va dire que cet enfant est turbulent parce qu’il a tendance à interrompre son professeur, à ne pas suivre les consignes et à être très actif. On se décrit comme une personne qui aime être sous pression parce qu’on complète très souvent ses projets à la dernière minute.

Mais en se fiant seulement au comportement observable, on passe à côté de ce qui se cache en dessous du comportement et qui l’influence. Imaginez, deux personnes peuvent avoir le même comportement, mais pour des raisons psychologiques complètement différentes. Ce qui se cache en dessous du comportement, c’est nos émotions et nos pensées. Nos émotions et nos pensées exercent une très grande influence sur la façon dont nous agissons au quotidien. Il est probable que la personne qui manifeste un comportement irritable vive une émotion d’anxiété derrière cette façade plus agressive. Mais si elle ne sait pas qu’elle vit de l’anxiété ou ne se permet pas d’être en contact avec cette émotion d’anxiété, elle peut avoir du mal à tolérer cette charge d’émotion activée. Par exemple, si cette personne reçoit un commentaire critique, il se peut que la seule option tolérable psychologiquement soit d’accuser durement l’autre et de lui faire des reproches. Mais si on gratte un peu en dessous, on peut en venir à voir que le commentaire critique l’avait déstabilisée émotionnellement et l’avait insécurisée.

En ne m’intéressant qu’au comportement que je vois et non à ce qu’il y a derrière, je me retrouve à réagir au comportement de l’autre. Je suis donc dans un état de réaction. Je ne pourrai pas comprendre son comportement, et donc ne pourrai pas y répondre adéquatement. C’est le terrain parfait pour la mésentente et l’escalade dans les disputes! Si je réponds avec agressivité à la personne qui m’accuse et me fait des reproches, je passe à côté de son besoin qui est d’être rassurée dans son insécurité. Je me retrouve plutôt à la critiquer davantage et la faire sentir encore plus vulnérable et anxieuse. Et le cycle se poursuit dans lequel l’autre va protéger son intégrité en m’accusant d’autres torts. Pour mieux comprendre un comportement, on doit donc s’intéresser à ce qui se cache derrière.

Mais il y a un obstacle majeur : la lecture de ce qui se cache sous nos comportements n’est pas toujours facile. On peut délibérément ne pas montrer certaines de nos émotions et pensées, et souvent on n’est même pas en contact avec ce qu’on ressent! On a en nous toute une gamme de mécanismes qui nous éloigne de nos émotions. Difficile de montrer nos émotions dans ce cas, et donc de les percevoir chez l’autre.

Dans des textes à venir, je vous parlerai davantage des mécanismes qui s’activent en nous (et souvent malgré nous!) et qui nous éloignent de nos émotions et de nos pensées.

Dre Geneviève, psychologue