Traversée dans le désert de solitude: Comment satisfaire autrement nos besoins psychologiques?

2020-12-23

Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue

L’année qui se termine a été éprouvante émotionnellement. Nos besoins psychologiques fondamentaux ont été frustrés : besoin de se sentir connecté aux autres, de se sentir libre et de sentir qu’on comprend le monde dans lequel on vit. On peut tolérer qu’un besoin soit frustré pendant un temps. Mais ça demande de l’énergie de devoir s’adapter aussi longtemps. Ça use.

C’est l’équivalent d’un besoin physiologique, comme celui de boire de l’eau. Si je ne peux pas satisfaire mon besoin de boire de l'eau, je ressentirai de la soif. Ça se tolère un temps. Mais à la longue, je vais me déshydrater.

Si je ne peux pas satisfaire mon besoin d’être en lien avec les autres par exemple, je me sentirai isolé. Ça se tolère un temps. Mais à la longue, je vais souffrir de solitude.

On attendait le temps des Fêtes comme un oasis dans cette longue traversée du désert de solitude qui nous aurait permis de nous abreuver au moins quelques gorgées, le temps de reprendre nos forces pour continuer la traversée. Nos espoirs ont été déçus. On ne pourra pas y tremper nos lèvres.

Ça nous laisse avec quoi?
Au delà du sentiment d’impuissance et de la frustration, ça nous laisse surtout avec la question suivante : Comment trouver une source alternative pour nourrir mes besoins psychologiques malgré tout?

Prendre le temps de repenser notre temps des Fêtes et le début de l’année qui vient. Pour s’abreuver autrement cette année.

Planifier des moments de rencontres avec des gens qui nous nourrissent psychologiquement. Des liens positifs, constructifs et authentiques. Les contacts seront limités et les moyens de se rencontrer seront différents, mais il est possible de se sentir près l’un de l’autre malgré la distance. Ce qui nous unit va au-delà de la présence physique. C’est la complicité, la connexion, les souvenirs partagés, les « running gags », les propos et les rires échangés.

Il ne faut surtout pas attendre que l’autre vienne à nous pour nous sortir de notre solitude. Trop souvent on hésite, on craint de déranger ou d’être rejeté. Ça ne fait qu’alimenter notre isolement. On se rend vite compte que nos appréhensions étaient erronées et que l’autre aussi retire un plaisir à être avec nous. Il est essentiel d’aller de l’avant pour (re)créer contact.

Se demander comment être présent pour l’autre qui lui aussi se sent seul ou épuisé dans la situation actuelle. En plus de l’impact positif direct pour l’autre, nous-mêmes en ressentirons les bénéfices sur notre propre bien-être! Contribuer à la collectivité alimente aussi notre sentiment d’appartenance aux autres.

Pour ceux qui ont peu de possibilités de contacts avec des proches, il ne faut pas négliger la force des échanges même avec une autre personne qu’on ne connaît pas! Sortez dehors et marchez jusqu’à ce que vous échangiez un regard significatif avec un autre être humain (en temps normal j’aurais dit jusqu’à ce que vous échangiez un sourire chaleureux, mais bon…!). Ces brèves interactions sustentent et nous font sentir qu’on appartient à notre communauté.

Plus on pourra s’abreuver, même brièvement, en virtuel ou à distance, moins la traversée dans le désert sera aride. Ça n’empêche pas que la route sera longue, mais elle sera vivable et peut-être même stimulante!

Au plaisir de poursuivre la traversée ensemble. 👣👣

Dre Geneviève, psychologue

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